Question/Réponse : Mon fils a régulièrement des accrochages avec ses profs : ils disent qu’il fait son “monsieur-je-sais-tout” et qu’il se montre parfois arrogant… comment réagir ?

Mon fils a régulièrement des accrochages avec ses profs : ils disent qu’il fait son “monsieur-je-sais-tout” et qu’il se montre parfois arrogant… comment réagir ?

La première chose est d’en parler avec votre fils pour préciser la situation : essayez d’en savoir plus en prenant des exemples concrets. De quel sujet s’agit-il ? Dans quelles circonstances l’accrochage a-t-il eu lieu ?

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Il est possible qu’il soit important, pour votre fils, de creuser et d’approfondir ses sujets : peut-être que les cours dispensés par ses professeurs ne lui suffisent pas. Dans ce cas, il peut montrer son mécontentement en ayant une attitude qui peut être mal vue par ses professeurs. Vous pouvez lui expliquer que cette attitude n’est pas acceptable tout en lui proposant des alternatives : approfondir les sujets en dehors des heures de cours (lecture, cours particuliers, visites culturelles, etc.), communiquer différemment avec ses professeurs (discussions individuelles en fin de cours, etc.),… N’hésitez pas à prendre également rendez-vous avec le ou les professeurs concerné(s) pour éclairer la situation ensemble.

Posez une question à Marina Barreau : elle y répond dans un prochain article !

Attention aux jugements définitifs !

J’entends de plus en plus de parents me raconter les échanges qu’ils ont parfois avec les professeurs de leurs enfants : “Son prof de maths dit qu’elle n’aura jamais son bac… elle est en 3ème !”, “Sa maîtresse m’assure qu’elle n’a pas les capacités de faire de grandes études… en moyenne section de maternelle !”. J’ai même entendu une jeune maman recevoir des suggestions d’une directrice de crèche (!!) lui indiquant que sa fille n’était pas suffisamment vive.
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Vous connaissez l’impact que les paroles d’un professeur peut avoir sur vos enfants, ces jugements qui laissent peu de place à l’espoir et au développement de leur potentiel. Pourtant, et parfois sans s’en rendre compte, en tant qu’adulte il nous arrive de délivrer ces jugements : “Je ne pense pas que tu sois capable de…”, ou même “Es-tu sûr de pouvoir y arriver ?”, etc.

Quel est l’impact de ces jugements sur nos enfants ?

    •    Un caractère définitif !


Les jugements que nous portons parfois sur nos enfants sont dangereux car ils ont un caractère définitif : implicitement, ils indiquent que la situation est figée et qu’ils ne peuvent rien y changer.
En effet en soumettant des jugements nous parlons de ce que notre enfant est, pas de ce qu’il fait. Et la différence est de taille ! Oui, notre enfant peut échouer dans une situation particulière ou se montrer maladroit sur un sujet, cependant cela ne préjuge en rien de ses qualités intrinsèques ni de son potentiel d’amélioration.
Le jugement assimile une caractéristique définitive à une situation particulière ou isolée, et les conséquences peuvent être malheureuses.

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    •    Le jugement est destructeur


Quand nous ne voulons que le bien-être de vos enfants, le jugement peut avoir un effet destructeur ! En effet, souvenons-nous que nous avons un rôle modélisant et une parole d’autorité pour nos enfants : ils accordent beaucoup d’importance et de crédit à tout ce que nous leur disons. Ainsi, les paroles que nous prononçons parfois avec les meilleures intentions possibles peuvent avoir l’effet inverse et entamer la confiance ou l’estime qu’ont nos enfants d’eux-mêmes.

    •    Plus d’impact que vous ne vous l’imaginez


De manière générale, l’impact des jugements que nous pouvons porter à nos enfants dépasse souvent notre imagination. En effet, des mots “innocents” prononcés un jour de fatigue ou des mots un peu durs prononcés sous le coup de la colère peuvent avoir un impact sur la durée que nous ne pouvons prévoir.
Je vous ai déjà parlé de l’importance de croire en nos enfants, et l’impact positif que cela provoque.
Il en est de même pour le jugement mais dans l’autre sens : plus nous avons des jugements négatifs sur nos enfants, plus ils risquent de se saboter eux-mêmes. Nous sommes l’image du soutien inconditionnel pour eux, comment peuvent-ils rebondir s’ils pensent que nous ne croyons pas en eux ?

Comment faire alors ?

Je vous propose quelques idées pour éviter les jugements et permettre aux enfants de s’épanouir !

    •    S’appuyer sur les faits !


Lorsque vous avez besoin de reprendre votre enfants pour une situation précise : mauvaises notes à l’école, problème de comportement ou autre, efforcez-vous de vous en tenir aux faits. De cette façon, vous abordez la situation pour ce qu’elle est : un acte isolé qui n’est pas assimilé à la valeur de votre enfant. Vous pouvez alors travailler à la résolution du problème en toute sérénité : vous ne remettez pas en question les qualités de votre enfant !

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Exemple :
•    Préférez “Tu as menti” à “Tu es un menteur”
•    Dites “Tu as eu des difficultés à comprendre ce chapitre” plutôt que “Tu n’es pas très fort en maths”
•    Etc.

    •    Reconnaître ses erreurs


Si, par mégarde, vous avez eu un jugement envers vos enfants – et cela peut arriver ! -, l’important est de le faire remarquer tout de suite et expliquer à vos enfants que c’est une erreur de votre part. Ainsi, vous clarifiez la situation en présentant vos excuses : vous expliquez vous être mal exprimé, et vous reformulez votre propos en restant sur la situation concrète.

    •    Agir tout de suite !


De la même façon, si votre enfant a été le sujet d’un jugement venant d’un tiers (professeur, camarade de classe, famille, etc.), il est important d’agir !
Prenons l’exemple où votre fils revient du lycée et son prof lui a dit qu’il était nul en maths. Vous pouvez intervenir pour rectifier le tir, lui expliquer que rien n’est jamais définitif : un échec ponctuel en maths ne présage en rien de la suite de son parcours dans cette matière !
Il est important d’intervenir assez vite pour que le jugement ne se fixe pas chez votre enfant. Dans un second temps vous pouvez également discuter de la situation avec son professeur par exemple.

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Pour finir, je dirais que ces conseils aident vos enfants à construire leur estime d’eux-mêmes sur le long terme : une fois qu’ils comprennent tout ceci, ils sont armés pour l’avenir et sont moins touchés par les jugements que d’autres peuvent avoir sur eux dans le futur. Vous leur apprenez une chose essentielle : ils sont les responsables de leur propre vie et aucun jugement ne doit entraver leur développement !

Gérer les désaccords avec les profs

Un jour mon filleul me dit “J’ai été collé parce que je n’avais pas mon cahier, c’est la première fois que je ne l’avais pas pris, le prof en a après moi, c’est sûr !”.
Ça vous rappelle quelque chose ? Votre enfant rentre en se plaignant d’un professeur, ou en étant persuadé que l’un d’eux “ne l’aime pas”, ou “en a après lui”.

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Essayer de comprendre : que se passe-t-il ?

Dans un premier temps, je vous propose de prendre du recul et d’appréhender la situation dans son ensemble. Tout d’abord, désamorçez le conflit : vous comme le professeur représentez l’autorité, accordez-lui le bénéfice du doute. Il serait peu judicieux de répondre à votre enfant “Oui, ton professeur est vraiment stupide, je vais m’occuper de ça !”.

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Pour reprendre la situation que j’ai vécue avec mon filleul, j’ai posé des questions pour avoir plus d’informations sur le contexte global. En effet, il me semblait peu probable qu’un professeur donne une heure de colle à un élève pour un simple oubli de cahier… surtout si c’est la première fois. Ainsi vous vous familiarisez avec la situation dans son ensemble : “Raconte moi comment ça s’est passé”, “Est-ce déjà arrivé à d’autres élèves ?”, “ Quelles sont les règles posées ?”, etc.
Vous pouvez alors prendre le recul nécessaire à l’évaluation de la situation, et permettre ainsi à votre enfant de prendre lui-même de la hauteur.

En résumé, vous prenez le rôle de médiateur, plus que celui de catalyseur !

Accepter son ressenti et l’accompagner dans la résolution de la situation

Il est également important de reconnaître le ressenti de votre enfant. Son ressenti a autant d’importance que la situation factuelle ! Qu’il ressente une injustice, qu’ils se sente triste, contrarié ou en colère ; favorisez son expression. Exprimer son ressenti est le premier pas vers la résolution.
Souvent, les enfants ont des difficultés à parler et exprimer ce qu’ils ressentent ; laissez-leur le temps, utilisez le silence pour leur donner l’espace de s’exprimer.

Après avoir bien compris la situation, vous pouvez l’aider à définir les actions qu’il souhaite mener, avec ou sans vous. Rencontrer ensemble le professeur, aller lui-même lui parler, etc. Le plus tôt sera le mieux ! L’important est de régler le désaccord avant que la situation ne s’envenime.

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Et encore une fois, souvenez-vous que vous êtes modélisant : si vous respectez le professeur, votre enfant le respectera également.

Et concrètement, que faire ?

  • Garder une attitude intérieure positive

Quoiqu’il arrive, le but est de prendre du recul. Les choses peuvent toujours s’arranger, des solutions existent, la situation est ouverte. Quand il y a désaccord, il faut rappeler à votre enfant qu’il va avoir le même professeur jusqu’à la fin de l’année (au moins) : il est dans l’intérêt de chacun de résoudre la situation et de repartir sur de bonnes bases.

  • Rester factuel

Reconnaitre le ressenti de votre enfant n’exclut pas de recueillir des éléments factuels. Par exemple, si votre enfant vous dit “Mon prof ne m’aime pas !”, vous pouvez lui demander “Qu’est-ce qui te fait dire ça ?”.
J’ai eu l’exemple il y a peu et ma fille m’a répondu “Il me reprend tout le temps !”.
Ici encore, allez plus loin : “Mais est-ce que tu es la seule ?”.
Pensez à redonner du sens aux interventions des professeurs : “Il y a 35 élèves dans ta classe, si le professeur doit reprendre chaque élève 2 fois, ça fait 70 fois par cours ; sur une heure c’est plus d’une fois par minute !”.

  • Se projeter vers l’avenir

Pour pouvoir mettre ce désaccord derrière vous, pensez à l’avenir, et construisez avec votre enfant les clés qui permettent d’aller de l’avant :
“Comment fait-on pour que ça aille mieux ?”
Vous pouvez alors prendre des engagements avec lui, organiser une rencontre avec le professeur, etc.

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Et puis peut-être que c’est un message de votre enfant, que ce n’est que la partie émergée de l’iceberg, alors creusez et découvrez le sens profond de tout cela…

Enjoy 🙂