Être modélisant : pourquoi ? Et surtout comment ?

Quand on parle d’éducation, on parle souvent de l’importance d’être exemplaire, modélisant. Moi-même, c’est un principe qui m’est cher et que je m’efforce d’appliquer au quotidien : en tant que parent, et aussi en tant que manager.

Dans les séjours CeQueJeVeuxFairePlusTard, c’est aussi l’une des valeurs fortes que partagent tous les adultes qui accompagnent les jeunes.

Pour quoi faire ?

Être modélisant pour ses enfants, cela paraît évident ! Et pourtant, ça ne l’est pas toujours. Revenons ensemble sur cet aspect subtil et puissant.

  • Que vous le vouliez ou non… vous êtes son modèle !


Les enfants, par nature, reproduisent votre comportement : par “défaut”, vous êtes, en tant que parents, des modèles pour vos enfants. Depuis leur plus jeune âge, ils apprennent en vous observant : leur premier levier d’apprentissage est l’imitation. C’est comme cela que se font l’apprentissage de la marche et du langage par exemple. Et cela continue ensuite, notamment dans l’apprentissage de la politesse, des relations sociales, etc.

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Ainsi, au-delà de tous les conseils, règles ou directives que vous donnez à vos enfants, le plus efficace reste de vous appliquer ces principes à vous-mêmes : rien de tel que la démonstration pour faire adopter les règles.

  • Sinon on tombe dans le “Fais ce que je dis, pas ce que je fais”


On connaît tous l’adage “Fais ce que je dis, pas ce que je fais”. En effet, si vous-mêmes n’appliquez pas les principes que vous inculquez à vos enfants, cela manque de congruence.

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Prenons un exemple exagéré : au restaurant, vous vous montrez malpoli avec un serveur (ton sec, absence de formule de politesse, air hautain). Quelques jours plus tard, vous réprimandez votre enfant qui n’a pas salué la boulangère. Même si le lien ne vous apparaît pas immédiatement, vous pouvez avec du recul déceler l’incohérence qu’il existe entre vos actes et vos paroles.

  • Vous lui montrez que ÇA MARCHE


La preuve par l’exemple est beaucoup plus puissante que tous les discours que vous pouvez avoir. En effet, vous pouvez expliquer pendantdes heures un concept à votre enfant : rien ne l’aide plus à comprendre que de vous voir l’appliquer.

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Prenons un exemple : vous êtes dans les embouteillages. La situation pourrait devenir un facteur de stress mais vous l’abordez avec sérénité, en profitez de ce moment pour écouter une émission de radio que vous appréciez. Le message envoyé ? “Je ne m’énerve pas quand je ne peux agir sur la situation, donc ce n’est pas un facteur de stress pour moi, voilà la conséquence directe et positive de rester calme”.

Comment ?

C’est dans le quotidien que vous pouvez adopter ce comportement modélisant : dans toutes ces petites choses du jour le jour que vous vivez ensemble. Ainsi, vous lui montrez que les règles s’appliquent à lui comme à vous.

Certaines choses sont évidentes : la cigarette par exemple. Difficile de faire vraiment comprendre à votre enfant que la cigarette est nocive si vous-même fumez beaucoup (invoquer son âge est souvent vain…). De la même façon, il est évident que si vous adoptez un langage grossier, ou avez des réactions violentes, votre enfant va reproduire ces comportements.

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Parfois, ce n’est pas si facile ! Quelques exemples :

  • La comparaison : vous avez maintes fois expliqué à votre fils qu’il ne sert à rien de se comparer – à ses amis par exemple (“Paul a de la chance, il a eu une nouvelle console lui”). D’un autre côté, il peut vous arriver d’utiliser la comparaison : “Ta soeur, elle, a de bien meilleurs résultats en mathématiques…”. À vous d’être attentif au quotidien !
  • Le partage : vous regrettez souvent que votre fille partage trop peu en famille ses petits soucis du quotidien (disputes avec ses amies, mauvaises notes, déprime passagère, etc.) et aimeriez qu’elle se confie d’avantage. Posez-vous la question : de votre côté, partagez-vous avec vos enfants les petits ennuis que vous vivez au travail ? Bien sûr, vous voulez les protéger, mais le comportement modélisant commence ici !

Même si c’est parfois difficile, être modélisant, ça paye ! Vous serez vous-mêmes surpris des résultats.

Enjoy 🙂

Pourquoi faut-il éviter de comparer vos enfants ?

“Comparaison n’est pas raison” dit l’adage, et je suis bien d’accord !

“À ton âge, ta soeur, elle avait 16 de moyenne en mathématiques !”

Avec cette simple phrase dont vous espériez qu’elle remotive votre petit dernier, vous déclenchez une vague de colère de sa part.

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La comparaison déclenche des réactions inattendues, et souvent dessert vos objectifs !

Pourquoi la comparaison est-elle inutile ?

  • Chaque cas est différent !

Vos enfants sont tous différents : votre petit dernier se démarque clairement de sa grande soeur, vous êtes différent de votre fille, votre aîné ne réagit pas comme son meilleure ami, etc. Cela paraît évident ! Pourtant, en utilisant la comparaison (quelle qu’elle soit), vous oubliez ce point essentiel. En effet, comparer deux personnes revient à traiter deux personnes différentes de la même manière.

différents

Or, il y a tellement de différences ! Si on reprend l’exemple de la note en maths par exemple. C’est un résultat qui prend en compte une multitude de variables : les affinités, le professeur, le cadre familial, la situation émotionnelle, le niveau de maturité, etc. En comparant votre enfant à quelqu’un d’autre, vous oubliez un instant son unicité !

  • La comparaison n’apporte rien…

En plus de manquer de pertinence, la comparaison n’apporte souvent rien à une situation. En effet, elle est souvent utilisée pour dire que l’autre est mieux (et rarement le contraire) ; cela n’a qu’un effet : rabaisser votre interlocuteur – votre enfant !

Ainsi, dans une simple phrase à première vue innocente et en ayant les meilleures intentions, vous remettez en cause l’amour inconditionnel que vous portez à votre enfant en le rabaissant.

  • Pire, la comparaison dessert votre but !

Enfin, la comparaison peut avoir l’effet complètement inverse que celui escompté. En effet, en comparant votre enfant, vous espérez que cela le fasse réagir et qu’il redouble d’efforts pour égaler le “modèle” que vous utilisez pour faire la comparaison.

Le risque que vous courrez est de rendre votre enfant jaloux et de le voir se sentir dévalorisé. La plupart du temps, il va réagir en se rebellant et en mettant tout en oeuvre – parfois inconsciemment – pour se démarquer encore plus et ainsi affirmer sa différence. Finalement, l’effet obtenu est l’inverse de ce que vous attendiez !

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Quels sont les effets de la comparaison sur votre enfant ?

La comparaison est une forme de destruction pour votre enfant. C’est un terme volontairement fort pour vous montrer à quel point cela peut être dommageable !

En comparant votre enfant à une autre personne que vous “idéalisez” d’une certaine façon, vous lui dites, implicitement, qu’il n’est pas comme elle et dont qu’il n’y arrivera pas. Et de fait, il est unique, et votre rôle est de l’encourager dans cette unicité ! La comparaison entrave les enfants dans leur construction identitaire : cela les incite à se construire par rapport aux autres (que ce soit en opposition ou pour leur ressembler) au lieu de se concentrer sur leur identité propre.

Comment faire alors ?

  • Ne pas comparer

C’est une habitude qui peut être difficile à perdre : efforcez-vous d’éviter les comparaisons, quelles qu’elles soient !

Plutôt que de comparer, préférez parler des faits concrets et, si c’est le cas, des problèmes rencontrés, en se concentrant sur votre enfant et votre enfant uniquement. Vous pouvez par exemple utiliser la Communication Non Violente.

  • Mettre en valeur les différences et les spécificités

Vous pouvez mettre en valeur votre enfant en soulignant ses différences et ses spécificités. S’il est moyen en maths par exemple, rappelez-lui qu’il est doué en langues et en histoire-géographie pour lui permettre de prendre du recul et de relativiser.

C’est en se concentrant sur ses points forts qu’il peut progresser !

Fillette de 9 ans faisant ses devoirs.

De la même façon, chaque enfant a sa propre façon de travailler. Qu’il aime travailler seul et dans le silence ou qu’il préfère travailler en groupe et avec de la musique, l’important est qu’il trouve l’environnement qui lui convient, et que vous puissiez le soutenir en ce sens.

  • Offrir un amour inconditionnel à ses enfants

Encore une fois, cela semble être une évidence, pourtant cela reste l’essentiel quand on parle de vos enfants ! Quoiqu’il arrive, montrez à vos enfants que vous les aimez d’un amour inconditionnel, et ce quels que soient leurs résultats scolaires, leurs faiblesses et leurs erreurs. C’est la meilleure arme que vous pouvez leur donner pour qu’il aient confiance en eux et qu’ils trouvent toujours en eux la force de rebondir.

Enjoy 🙂

Question/Réponse : Impossible de communiquer avec mon fils le matin : il est bougon, muet et refuse toute discussion. Comment initier le dialogue sans le brusquer ?

Impossible de communiquer avec mon fils le matin : il est bougon, muet et refuse toute discussion. Comment initier le dialogue sans le brusquer ?

Certaines personnes (enfant, ado ou adulte !) ont besoin d’un certain temps après le réveil avant d’entrer en contact avec l’autre. De manière générale, de prendre leur temps et d’aller à leur rythme ! C’est important de respecter ce besoin et de mettre les choses au clair entre vous : “Je suis d’accord pour te laisser le temps de commencer ta journée en douceur le matin”. Peut-être aussi simplement définir une durée incompressible (1 heure ?) avant laquelle le dialogue doit s’en tenir au strict minimum.

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Si le reste de la journée, vous n’avez pas de souci pour établir le dialogue, cette solution réglera sans doute le problème ! Sinon, c’est une autre histoire…

Utiliser la Communication Non Violente avec ses enfants

Parfois, il peut arriver que vous ayez une demande à faire à vos enfants, sans trop savoir comment vous y prendre.
Cela peut concerner des choses de la vie quotidienne par exemple : la chambre de votre enfant est constamment en désordre et vous aimeriez régler le fond du problème une fois pour toutes plutôt que de vous battre chaque semaine pour la même chose.
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Alors comment dire les choses sans créer de conflit, ou encore comment faire une demande avec bienveillance ?

Je vais aborder aujourd’hui la Communication Non Violente (CNV). C’est un processus créé par Marshall Rosenberg ; c’est un mode de communication dont le but est de “favoriser l’élan du coeur et nous relier à nous-mêmes et aux autres, laissant libre cours à notre bienveillance naturelle”.
En d’autres termes, c’est un processus qui consiste à adopter un langage permettant de rester bienveillant, même dans des conditions difficiles (énervement, agacement, etc.) ; et qui peut je pense vous aider avec vos enfants !

La CNV se déroule en quatre temps distincts, qui peuvent être abordés dans l’ordre que vous le souhaitez :

1) Les faits

Partagez avec votre enfant les faits concrets, vos observations, et ce sans jugement de valeur, de façon neutre.
Par exemple : il y a des vêtements par terre dans ta chambre.

2) Exprimer son ressenti en disant “je”

Cela vous permet aussi de vous poser la question “Qu’est-ce qui me touche, au fond ?”. Vous pouvez partager cela avec votre enfant : “Je suis en colère”, “Je suis triste”, “Je me sens incompris(e)”, etc.
L’idée est de bien distinguer votre état émotionnel de la perception que vous avez de votre enfant.
Dans l’exemple de la chambre en désordre, cela peut être “Je suis inquiète, parce que pour moi c’est question de respect vis-à-vis des gens qui ramassent derrière toi” et pas “Je trouve tu es irrespectueux”.

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3) Exprimer son besoin

Ainsi vous pouvez faire le lien entre la situation et vos émotions : “À quel besoin cette situation ne répond pas ?”
Cela vous permet aussi d’expliquer à votre enfant les raisons profondes qui vous mettent dans cet état, il vous comprend mieux et la demande qui suit sera probablement mieux accueillie.
Dans l’exemple que nous avons utilisé, le besoin peut être le suivant : “J’ai besoin que mes enfants respectent une valeur essentielle pour moi : le respect de l’autre.”
C’est un besoin simple et légitime que votre enfant va très bien comprendre.

4) Demander

La dernière étape concerne l’expression d’une demande concrète, traduction de nos besoins généraux. Cette demande doit être claire et explicite sans se transformer pour autant en exigence.
Par exemple : “Je te demande de mettre tes affaires à ranger sur ton lit et les vêtements à laver dans le bac à linge sale, pour qu’aucune affaire ne reste par terre”.
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Cette méthode peut aussi vous aider à résoudre des conflits liés à des sujets plus “graves”.
Par exemple, vous vous rendez compte que vous enfant continue de fumer après avoir promis d’arrêter. Selon le processus de la CNV, voilà comment la conversation peut s’articuler :
– J’ai senti la cigarette (fait)
– Je suis inquiète pour ta santé (ressenti)
– J’ai besoin de te faire confiance, tu t’étais engagé(e) à arrêter (besoin)
– Je te demande de me dire la vérité, de m’expliquer concrètement ce qu’il se passe (demande)

Cette méthode peut se révéler très riche et très efficace pour communiquer de façon plus sereine avec vos enfants !

Enjoy 🙂

Pour en savoir plus : La Communication Non Violence