J’entends de plus en plus de parents me raconter les échanges qu’ils ont parfois avec les professeurs de leurs enfants : “Son prof de maths dit qu’elle n’aura jamais son bac… elle est en 3ème !”, “Sa maîtresse m’assure qu’elle n’a pas les capacités de faire de grandes études… en moyenne section de maternelle !”. J’ai même entendu une jeune maman recevoir des suggestions d’une directrice de crèche (!!) lui indiquant que sa fille n’était pas suffisamment vive.
Vous connaissez l’impact que les paroles d’un professeur peut avoir sur vos enfants, ces jugements qui laissent peu de place à l’espoir et au développement de leur potentiel. Pourtant, et parfois sans s’en rendre compte, en tant qu’adulte il nous arrive de délivrer ces jugements : “Je ne pense pas que tu sois capable de…”, ou même “Es-tu sûr de pouvoir y arriver ?”, etc.
Quel est l’impact de ces jugements sur nos enfants ?
• Un caractère définitif !
Les jugements que nous portons parfois sur nos enfants sont dangereux car ils ont un caractère définitif : implicitement, ils indiquent que la situation est figée et qu’ils ne peuvent rien y changer.
En effet en soumettant des jugements nous parlons de ce que notre enfant est, pas de ce qu’il fait. Et la différence est de taille ! Oui, notre enfant peut échouer dans une situation particulière ou se montrer maladroit sur un sujet, cependant cela ne préjuge en rien de ses qualités intrinsèques ni de son potentiel d’amélioration.
Le jugement assimile une caractéristique définitive à une situation particulière ou isolée, et les conséquences peuvent être malheureuses.
Quand nous ne voulons que le bien-être de vos enfants, le jugement peut avoir un effet destructeur ! En effet, souvenons-nous que nous avons un rôle modélisant et une parole d’autorité pour nos enfants : ils accordent beaucoup d’importance et de crédit à tout ce que nous leur disons. Ainsi, les paroles que nous prononçons parfois avec les meilleures intentions possibles peuvent avoir l’effet inverse et entamer la confiance ou l’estime qu’ont nos enfants d’eux-mêmes.
• Plus d’impact que vous ne vous l’imaginez
De manière générale, l’impact des jugements que nous pouvons porter à nos enfants dépasse souvent notre imagination. En effet, des mots “innocents” prononcés un jour de fatigue ou des mots un peu durs prononcés sous le coup de la colère peuvent avoir un impact sur la durée que nous ne pouvons prévoir.
Je vous ai déjà parlé de l’importance de croire en nos enfants, et l’impact positif que cela provoque.
Il en est de même pour le jugement mais dans l’autre sens : plus nous avons des jugements négatifs sur nos enfants, plus ils risquent de se saboter eux-mêmes. Nous sommes l’image du soutien inconditionnel pour eux, comment peuvent-ils rebondir s’ils pensent que nous ne croyons pas en eux ?
Comment faire alors ?
Je vous propose quelques idées pour éviter les jugements et permettre aux enfants de s’épanouir !
• S’appuyer sur les faits !
Lorsque vous avez besoin de reprendre votre enfants pour une situation précise : mauvaises notes à l’école, problème de comportement ou autre, efforcez-vous de vous en tenir aux faits. De cette façon, vous abordez la situation pour ce qu’elle est : un acte isolé qui n’est pas assimilé à la valeur de votre enfant. Vous pouvez alors travailler à la résolution du problème en toute sérénité : vous ne remettez pas en question les qualités de votre enfant !
Exemple :
• Préférez “Tu as menti” à “Tu es un menteur”
• Dites “Tu as eu des difficultés à comprendre ce chapitre” plutôt que “Tu n’es pas très fort en maths”
• Etc.
• Reconnaître ses erreurs
Si, par mégarde, vous avez eu un jugement envers vos enfants – et cela peut arriver ! -, l’important est de le faire remarquer tout de suite et expliquer à vos enfants que c’est une erreur de votre part. Ainsi, vous clarifiez la situation en présentant vos excuses : vous expliquez vous être mal exprimé, et vous reformulez votre propos en restant sur la situation concrète.
• Agir tout de suite !
De la même façon, si votre enfant a été le sujet d’un jugement venant d’un tiers (professeur, camarade de classe, famille, etc.), il est important d’agir !
Prenons l’exemple où votre fils revient du lycée et son prof lui a dit qu’il était nul en maths. Vous pouvez intervenir pour rectifier le tir, lui expliquer que rien n’est jamais définitif : un échec ponctuel en maths ne présage en rien de la suite de son parcours dans cette matière !
Il est important d’intervenir assez vite pour que le jugement ne se fixe pas chez votre enfant. Dans un second temps vous pouvez également discuter de la situation avec son professeur par exemple.
Pour finir, je dirais que ces conseils aident vos enfants à construire leur estime d’eux-mêmes sur le long terme : une fois qu’ils comprennent tout ceci, ils sont armés pour l’avenir et sont moins touchés par les jugements que d’autres peuvent avoir sur eux dans le futur. Vous leur apprenez une chose essentielle : ils sont les responsables de leur propre vie et aucun jugement ne doit entraver leur développement !